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Aspects économiques : comment résister à la transformation de la science en carburant de la croissance économique

Il existe plusieurs raisons pour les Etats de vouloir financer de la recherche scientifique, comme le prestige international, la défense, l'alimentation et la santé des habitants, la souveraineté, ou la passion des habitants pour la compréhension du fonctionnement des humains, des sociétés, des écosystèmes, la définition de leur place dans la communauté, la Terre ou l'Univers.

Cependant les modèles macro-économiques font de la recherche scientifique un carburant essentiel de l'innovation, placée au coeur de la recherche de croissance économique par les modèles Shumpeteriens. La croyance qu'une croissance indéfinie apportera la prospérité, le progrès, et des niveaux de vie toujours plus élevés conduit les gouvernements à ajuster l'organisation et les financements de la recherche publique pour maximiser son impact en terme de croissance économique. Le traité de Lisbonne affirme ainsi que le but de la recherche est de « Devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique, capable d’une croissance économique durable, accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ». Elizabeth Popp Berman décrit dans un livre comment les universités ont été "recrutées" pour être des instruments au service de la croissance de l'économie.

Cependant la croissance économique dans les pays riches est fortement corrélée aux désastres environnementaux provoqués par les activités humaines. Selon un bon nombre d'études économiques, il est très peu probable qu'il soit possible de produire encore plus de richesses sans agraver le problème écologique.

Si la recherche scientifique est le moteur de la croissance, et la croissance le moteur du désastre, alors il faut tenter de couper un de ces mécanismes. Le plus prometteur, et celui qui est à la portée des chercheurs scientifiques, est de ne plus permettre l'utilisation de leurs résultats à des fins de croissance, ou tout du moins à des fins de destructions environnementales, si on veut croire à un découplage possible.

C'est le principe de UsageRight : pouvoir maîtriser le devenir des résultats de sa recherche, en utilisant la propriété intellectuelle.

Références :
Elizabeth Popp Berman, Creating the Market University: How Academic Science Became an Economic Engine, Princeton University Press, 2012
Nicholas Bloom et al, Are Ideas Getting Harder to Find? American Economic Review vol. 110, no. 4, April 2020
Timothée Parrique, Decoupling debunked – Evidence and arguments against green growth as a sole strategy for sustainability, report of the European Environmental Bureau, 2019